Au mauvais endroit au mauvais moment [Pv Vicente]

Toujours la même chose, toujours à gambader je ne sais où juste pour faire un point sur moi même. J'en avais assez mais je savais qu'il fallait que je me retrouve seul chaque jour, c'était comme ça.
J'avais ma propre explication et elle me suffisais. Les Lycans se posaient sûrement des questions sur mon comportement, mais aucun d'entre eux n'avait eu le courage de venir vers moi puisque je n'avais simplement pas envie d'aller vers eux.
Pourtant, quand je dis tous les Lycans, j'avoue mentir puisqu'il y a bien une Lycane qui n'a pas appris la leçon et qui vient toujours m'embêter dans mes moments de solitudes, si bien qu'au final, je ne suis jamais vraiment seul.
Que dire ? Je n'allais pas dire que je détestais cette Lycane du nom de Dakota, même s'il était vrai qu'elle me tapait sérieusement sur les nerfs des fois mais c'était la seule qui voulait m'aider, même si c'était à sa manière.
Bon, quel idiot je fais ! J'avais oublié de citer Lucian dans les Lycans qui souhaitaient m'aider mais lui, c'était encore différent. En effet, il avait une histoire et celle ci se rapprochait étrangement de la mienne. C'est peut être pour cela que nous nous comprenions plus facilement tous les deux.
De plus, avec Lucian, pas de conversation inutile. Quand l'un n'a pas envie de parler, l'autre se tait et ne lui pose pas de question, ce qui est totalement l'opposé de cette chère Dakota mais, avec le temps, je commencerais à m'y habitué, j'en étais sûr.
D'ailleurs, la « machine » s'est mise en marche et je commence à croire que je n'ai plus de raison valable pour rester aussi mélancolique. Bref....parlons d'autre chose. Ce jour là, je devais faire une ronde près du lac Balaton, ordre de Lucian.
Comme à son habitude, Dakota m'avais quasiment sauté dessus en me demandant si je ne souhaitais pas quelqu'un avec moi, pour surveiller mes arrières. Nous étions seuls et je lui avais répondu, un peu cyniquement je devais l'avouer, que je n'avais besoin de personne à mes cotés.
Je me serais attendu à une pique « made in Dakota » mais je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle me baffe carrément. Je n'avais pas vu sa main s'abattre violemment sur ma joue et je restais une seconde totalement sonné.
Elle profita alors de cette seconde pour se rapprocher de moi, me tirer par le bras et m'embrasser fougueusement. Encore sonné, je ne compris pas et je n'approfondis pas le baiser, laissant le soin à la Lycane de le faire.
J'allais lui demander une explication à son geste mais elle m'envoya des piques tellement salées que je pris la mouche et qu'elle me mit en colère. Cela la fit rire et nous passâmes une bonne heure à se chercher pour s'insulter, se traitant de tous les noms possible, avant de s'arrêter finalement, à court d'idées.
Elle me laissa donc, après s'être encore approchée de moi. Chose étrange, elle fit un geste dont je ne me serais pas du tout attendu : elle passa une main derrière ma nuque et me fit plonger ma tête contre son épaule.
Je restais une minute dans cette position, savourant le silence qui nous entourait, avant de regarder le ciel. Il ferait bientôt nuit et il fallait que je m'acquitte de la mission que Lucian m'avais confié.
Soupirant, j'eus à peine le temps de tourner la tête vers Dakota que je me reçu une nouvelle gifle en pleine figure, avant de l'entendre crier « pauvre type ! » à mon attention puis elle s'éloigna en courant.
Il me fallut bien une petite minute pour essayer de remettre toutes mes idées en places et pour partir vers le lac Balaton. Arrivé là, j'effectuais une ronde, en savourant la solitude de l'endroit, quand un bruit soudain se fit entendre.
Mes sens développés se mirent instantanément aux aguets. Il y avait un vampire pas loin, j'en étais sûr. Doucement, lentement, comme si je ne souhaitais pas me faire repérer, je m'avançais vers le lieu.
C'est là que je la vis. Une superbe jeune femme qui aurait fait succombé le plus chaste des hommes. Elle portait une robe blanche et semblait perdu dans ses pensées. J'allais partir quand je ne fis pas attention à la monture de la demoiselle, qui émit un hennissement inquiet en me voyant arriver. J'allais partir, quand la demoiselle se leva. Je n'eus que le temps d'apercevoir une larme sur sa joue, avant qu'elle ne me demande qui j'étais, en me tournant le dos.
Ma haine des vampires reprit alors le dessus et je lui répondis aigre :

« Mon nom ne vous dira sûrement rien et il vous sera inutile de le connaître. Par contre, j'aurais aussi une question : que fait une vampire seule sur ces terres qui, à présent, ne vous appartiennent plus ? »

Elle avait l'air si fragile....mais j'avais appris à ne pas me fier aux apparences, surtout en matière de vampires.....

Être méfiant quelque soit les circonstances. J'essayais d'appliquer ce principe mais j'avoue que cette rencontre était, assez....étrange. En effet, je n'avais jamais vu un vampire dans un tel état de faiblesse.
Pourtant, j'étais certain que ce n'était qu'une mascarade. Je levais donc furtivement le regard vers le ciel. La nuit était présente, ainsi que la lune, qui, malheureusement pour moi, n'était pas pleine.
Je n'avais donc pas grand chose pour combattre si elle attaquait car, même si elle ne semblait pas être en état d'attenter à ma vie, je connaissais les vampires et les haine sans faille qu'ils nous vouaient.
Je lui avais répondu froidement. Non pas que j'étais particulièrement de mauvaise humeur ce soir, mais que je ne savais pas comment me comporter avec un vampire. En tous cas, s'en était fini de l'esclavage et jamais je ne me comporterais en « toutou » face à un vampire !
Bref, elle continuait de pleurer dans son coin, toujours dos à moi, sûrement trop fière pour me montrer ses larmes. Moi, je restais là, au même endroit, intéressé, étonné mais en même temps, assez déstabilisé.
Lucian m'avais donné une mission. Il y avait une vampire dans les environs et je l'avais même en face de moi alors que devais je faire ? Devais je m'en retourner et dire à Lucian que j'avais vu cette vampire ?
D'un coté, cette réflexion m'apparus idiote puisqu'elle risquerait de s'enfuir si jamais je m'en allais. Alors que je réfléchissais ainsi sur ce que je devais faire, la demoiselle s'effondra tout d'un coup en sanglots.
Elle tomba à genoux alors que je reculais d'un pas surpris, hébété, totalement déboussolé par ce genre de comportement. Je la regardais d'un air ahuri. Ses larmes, sa douleur et sa tristesse semblaient être, tellement réelles que je doutais à présent d'une quelconque mascarade pour me faire tomber dans un piège.
Elle me dis ensuite, en pleurs, qu'elle souhaitait revoir cet endroit une dernière fois. Mes yeux firent rapidement le tour avant de se poser de nouveau sur la vampire. Ce n'était qu'un lac....je ne comprenais pas pourquoi elle voulait revoir ce lac une dernière fois. Évoquait il, pour elle, quelque chose de douloureux ?
Quoi qu'il en soit, je restais planté là, comme un idiot en me demandant si je devais profiter de sa faiblesse pour l'achever ou faire autre chose. D'un coté, pourquoi voudrais je l'achever ? Elle ne m'avais encore rien fait.
De plus, sa manière de m'appeler « monseigneur », me fit sursauter. J'étais tellement habitué à être traité de chien par Matrichka que j'écarquillais les yeux lorsque j'entendis ces paroles.
Prenant une grande inspiration, j'essayais de faire en sorte que ma voix ce fasse moins froide, tout en restant méfiante :

« Vous ne me dérangez pas demoiselle.....Morgane....je suis juste surpris de voir un représentant de votre race fouler encore cette terre. Et puis, pardonnez moi cette méfiance à votre égard mais j'ose espérer que vous comprenez que je ne fais plus confiance aux membres de votre race. Sachez simplement que ce manque de politesse ne vous ai pas, personnellement destiné »

Qu'étais je entrain de faire ? Pourquoi lui avais je dis ces paroles ? Je les regrettaient d'ailleurs instantanément. Quelque chose me dis que j'aurais dû la tuer au lieu d'être là, à discuter calmement avec elle.
Mais que voulez vous ? Quand l'étonnement nous prend, on est tout de suite quelque peu déboussolé et, même si j'avais une mission précise à la base, je ne pouvais m'empêcher d'en savoir plus sur elle.
Puis, elle se releva et frôla mon corps, pour rejoindre son cheval. Je réagis au quart de tour en retroussant légèrement les lèvres et en grondant, sur mes gardes. J'allais pour me mettre en position de défense, juste au cas où, mais elle ne faisait que se diriger vers sa monture pour la calmer. La pauvre bête semblait être apeuré de ma présence et je pouvais aisément le comprendre.
Alors qu'elle calmait son cheval, elle se retourna vers moi pour me demander de nouveau, mon nom. Qu'avais je à craindre ? Elle me demandais ensuite si je ne lui ferais pas de mal. Le Lycan ricana mais aucun son ne sortit de ma bouche, sauf quand je lui répondis :

« Après une telle politesse à mon égard, il me paraît normal que je vous dévoile mon nom en effet. On me nomme Vicente demoiselle Morgane. Et pour votre question, je ne vois pas pour quelle raison je vous ferais du mal parce que, même si nos deux races sont censées être ennemies, vous ne m'avez rien fait pour l'instant donc, je ne vois pas l'utilité de vous attaquer. Ce serait futile en plus qu'inutile »

Je m'approchais donc de quelques pas, tout en restant cependant à une distance respectable de la vampire. Je gardais malgré tout une mine fermée et froide, même si elle semblait être mal en point

Tu parlais d'une situation. Moi qui recherchais la solitude plus que toi, me voilà entrain de discuter sagement avec un vampire. Qu'est ce qu'il me prenais tout d'un coup ? Étais je tomber sur la tête pour m'être mis dans une situation pareille.
Pourtant, pour le moment, il n'y avait rien eu et je contrôlais la situation. Tout du moins....je l'espérais. De toutes manières, que pourrait il m'arriver, vu que cette demoiselle semblait être dans un état de tristesse et de désespoir avancé.
Malgré le fait que je faisais tout pour le cacher, ma partie humaine avait encore trop le coeur sur la main et j'avais appris, à tord ou à raison, qu'il fallait aider son prochain dans les moments difficiles.
Cette demoiselle semblait d'ailleurs en traverser une de période difficile et j'avançais d'un pas avant qu'un grondement sourd, venant de ma poitrine me faisais arrêter dans mon geste : ma partie Lycan s'exprimait.
Je voyais bien que la demoiselle devant moi, n'était pas une demoiselle normale et qu'elle était vampire mais, que voulez vous, ma partie humaine refusait encore de vivre dans la réalité, comme elle refusait toujours de se faire à l'idée que Warjen ne reviendra plus parmi nous et avec moi.
J'étais naïf...enfin...ma partie humaine était naïve...ma partie Lycan était, quant à elle, bien conscient de la réalité des choses. Je restais donc à l'écart, prenant une distance raisonnable, tandis que la demoiselle devant moi essayait de se calmer, comme elle le pouvait.
Soudain, un élan de bonté gonfla mon coeur et j'aurais voulu lui demander si elle avait besoin d'un quelconque aide. Pourtant, le Lycan grogna encore une fois sa réprobation : elle était vampire nom de dieu !
Je ne savais donc que faire et restais là, bras ballants, ne bougeant pas, dans une attitude de chien attendant un quelconque ordre, même si je refusais à présent d'être considérer comme un chien. Oui, cette époque était belle et bien révolue !
Elle semblait être plongée dans ses pensées et je restais silencieux, relevant quelques fois, furtivement la tête vers le ciel, comme si je voulais supplier discrètement la lune de se faire pleine et de m'aider.
Pourtant, il n'y avait que le croissant qui régnait dans le ciel cette nuit donc mon regard revint se poser sur la demoiselle. C'était étrange et j'étais réellement étonné par la scène qui se déroulait devant moi.
En effet, je ne vais pas la narguer en lui disant que j'avais connu beaucoup de ses semblables, mais le peu que j'ai vu m'apparaissais sûr d'eux alors qu'elle, elle semblait aussi fragile qu'une enfant.
Tout au fond de moi, et même si le Lycan se refusait à l'accepter, commençait à poindre une petite pointe de pitié pour la détresse de cette demoiselle. Allais je tomber dans le panneau ? Allais droit dans le fil tendu de l'araignée qui était en face de moi ? Je n'en savais rien à l'heure qui l'était.
Soudain, je manquais de sursauter lorsqu'elle prit la parole. En effet, je commençais à m'habituer au silence régnant entre nous quand elle me dis qu'elle même ne comprenait pas l'issue de la guerre qui opposait nos deux clans.
Je fronçais les sourcils, encore méfiant mais j'abaissais légèrement ma garde en me redressant légèrement. Elle me demanda ensuite si j'avais été blessé par les siens. Sans que je puisse le contrôler totalement, ma voix se fit colérique, quand je lui répondis :

« Moi non plus je ne comprends pas l'intérêt d'une telle guerre et j'y suis embarqué malgré moi. J'aide simplement les miens à combattre les vôtres et mon rôle dans ce monde se limite à cela. Quant à votre question, je vais vous répondre sincèrement demoiselle : oui j'ai souffert à cause des vôtres. J'ai même été humilié devant les miens et je peux vous assurer que cette époque est à présent révolue et que je ne renouvellerais cette expérience en aucun cas ! »

De nouveau ma voix s'éleva, colérique. Devais je m'excuser ? Pourquoi ? Vous savez quand la haine reprend le dessus il peut être difficile de la contrôler totalement. Cette fois un grondement sourd retentit dans ma poitrine et je dus serrer les dents pour ne pas grogner réellement.
Je regardais alors la demoiselle qui continuais son chemin jusqu'à sa monture. Son cheval semblait s'être calmé, mais moi j'étais toujours aussi perdu. Qu'étais je venu faire ici ? Lucian m'avais confié une mission mais je ne me rappelais plus le but de celle ci.
Je n'aurais jamais cru qu'une rencontre avec un vampire pouvait me bouleverser autant, mais elle était tellement....différente des autres que je ne savais qu'en penser. D'ailleurs, elle s'assit à coté de son cheval. Que voulait elle me montrer ?
On aurait dit qu'elle était soumise, comme résignée. J'ouvris de grands yeux. Jamais ô grand jamais je n'avais vu de vampire s'assoir devant moi....Elle lissait inlassablement sa robe blanche d'une pureté immaculée, en tournant vers moi un regard plein de larmes. Je serrais encore plus les dents pour ne pas pousser un gémissement de surprise : ce regard me rappelais quelque chose....
Elle me souris ensuite en reprenant la parole et en me demandant si elle ne m'avais pas déranger dans une ronde. Prenant une grande inspiration, je collais mon dos contre un arbre, comme si je voulais être soutenu et je lui répondis :

« N'ayez crainte. Je ne suis ici qu'en titre de « promeneur ». Je n'ai aucune mission ni aucune ronde à accomplir et puis, je ne suis pas du genre à tuer tous les vampires qui se présentent devant moi. Je préfère attendre qu'ils me dévoilent leurs vraies personnalités avant de les considérer comme ennemis. En clair, il me faut une bonne raison pour tuer quelqu'un »